top of page

Pourquoi la surcharge d’informations détruit la concentration ?



On ouvre un onglet. Puis un autre. Et encore un.

Une réunion en visio commence pendant qu’un collègue nous envoie un message “urgent” sur Teams.

Une notification LinkedIn surgit.

Puis une info de dernière minute sur l’intranet.

La réunion n’est pas encore terminée que déjà trois mails attendent une réponse “rapide”.

C’est ce que les neuroscientifiques appellent un environnement cognitif fragmenté. Et ce n’est pas simplement fatigant. C’est destructeur pour notre concentration.


Quand trop d’informations tue… la capacité à traiter l’information


Nous vivons à une époque où la quantité d’informations que nous recevons quotidiennement est sans précédent.


Selon une étude menée par l’Université de Californie à San Diego, un individu absorbe en moyenne l’équivalent de 34 Go de données par jour — soit plus de 100 000 mots.


Mais notre cerveau n’a pas changé de version depuis l’Antiquité. Il reste conçu pour traiter les signaux utiles à la survie, établir des connexions durables, et se focaliser sur une tâche à la fois.


Face à une surcharge informationnelle, il active des mécanismes de défense :

  • Fragmentation de l’attention

  • Hyper-vigilance cognitive (le fameux FOMO : Fear Of Missing Out)

  • Fatigue décisionnelle

  • Procrastination compensatoire


Résultat : nous passons notre temps à switcher… sans jamais vraiment nous concentrer.


Ce que dit la science : notre attention n’est pas illimitée


Le cortex préfrontal, siège de la concentration, de la mémoire de travail et de la planification, n’est pas multitâche. Chaque fois que nous passons d’une tâche à l’autre, il perd de l’énergie.

Selon les travaux de Gloria Mark (Université de Californie), il faut en moyenne 23 minutes et 15 secondes pour retrouver une concentration optimale après une interruption.


Pire encore, plus les interruptions sont fréquentes, plus le cerveau développe ce qu’on appelle le mode “survol” : un état où l’on lit, entend, traite, mais sans profondeur, sans ancrage durable.


Des effets concrets… et coûteux


Dans le monde professionnel, cette surcharge a des conséquences très concrètes :

  • Perte de productivité : selon McKinsey, un salarié passe en moyenne 28 % de son temps à gérer ses e-mails.

  • Baisse de qualité des décisions : en raison de la fatigue cognitive accumulée, le cerveau prend plus de raccourcis (biais de confirmation, décisions impulsives).

  • Épuisement mental : la saturation informationnelle active une réponse de stress chronique, qui alimente l’irritabilité, l’anxiété et le repli.


Et surtout : l’impression de ne jamais être “vraiment dedans”. Ni dans une tâche, ni dans une conversation, ni dans son propre rythme.


L'infobésité : nouveau mal du siècle ?


Ce phénomène porte un nom : l’infobésité. Un trop-plein de contenus, sollicitations, messages, obligations cognitives.


La métaphore est parlante : comme en nutrition, ce n’est pas la quantité qui fait problème, c’est l’excès non digéré.


Selon l’OCDE, plus de 50 % des salariés européens estiment qu’ils sont “trop sollicités pour pouvoir se concentrer efficacement”. Le paradoxe ? Plus nous avons accès à l’information, moins nous accédons à la clarté.


Que faire ? Recréer des environnements “concentration-friendly”


Voici quelques leviers concrets à l’échelle individuelle et organisationnelle :


🧘‍♀️ Réduire les micro-interruptions

  • Couper les notifications non urgentes

  • Planifier des temps sans mail ni messagerie instantanée

  • Travailler en mode “deep work” par blocs de 90 minutes


🗂 Clarifier les canaux d’information

  • Créer des règles de circulation des infos (où, quand, comment ?)

  • Éviter la redondance (un message + un mail + un rappel = perte de repères)


🤝 Responsabiliser l’organisation

  • Former les équipes à la gestion cognitive de l’attention

  • Sensibiliser les managers aux effets des interruptions constantes

  • Valoriser la concentration comme une ressource stratégique


En conclusion


Notre époque célèbre l’instantané, l’agilité, la réactivité. Mais ces qualités ont un revers : la saturation mentale.


Et si l’entreprise apprenante de demain était celle qui protège la concentration de ses collaborateurs comme une ressource rare ? Non pas en imposant le silence, mais en revalorisant le temps long, l’attention profonde, le droit d’être pleinement présent.

Car à force de vouloir tout capter, on finit par ne plus rien saisir.


Sources :

Comments


bottom of page