L’enquête appréciative, un outil qui détonne dans le monde de l’entreprise
- Joanna Haouzi
- 16 juin
- 3 min de lecture

Et si le changement ne commençait pas par ce qui ne va pas, mais par ce qui fonctionne déjà ?
C’est l’intuition fondatrice de l’enquête appréciative (Appreciative Inquiry), une méthode née dans les années 1980 à la Case Western Reserve University, sous l’impulsion de David Cooperrider. Son point de départ est simple : une organisation ne se transforme pas durablement en corrigeant uniquement ses dysfonctionnements. Elle évolue quand elle apprend à valoriser ses ressources, ses réussites, ses talents. En d’autres termes, ce sur quoi l’on porte l’attention se développe.
Un changement de paradigme
Dans les démarches classiques de transformation, le diagnostic commence souvent par une question : « Où sont les problèmes ? »L’enquête appréciative, elle, pose une autre question : « Quand cela fonctionne, qu’est-ce qui est en jeu ? ».
Plutôt que d’analyser les écarts, elle met en lumière les moments d’alignement, de fluidité, de réussite collective. Et elle cherche à comprendre les conditions qui les rendent possibles, pour les amplifier, les ritualiser, les rendre transférables.
Une méthode en quatre temps
L’enquête appréciative suit un processus structuré en quatre phases, souvent désignées par les 4D :
Discovery (Découverte) : Identifier ce qui fonctionne bien dans l’organisation. Recueillir des récits concrets de réussite, de motivation, d’engagement.
Dream (Rêve) : Imaginer ce que pourrait être l’organisation si ces forces étaient pleinement déployées. Ouvrir un espace de projection collective.
Design (Conception) : Co-construire les structures, pratiques, projets et processus qui permettront de faire exister ce futur souhaité.
Destiny/Delivery (Déploiement) : Mettre en œuvre les changements, ancrer les nouveaux comportements, suivre les effets de manière itérative.
Ce processus peut se vivre en équipe restreinte ou à l’échelle d’une organisation entière. Il repose toujours sur une posture de non-jugement, d’écoute active et de co-construction.
Ce que cela change concrètement
Loin d’être naïve, l’approche appréciative ne nie pas les difficultés. Elle choisit simplement de ne pas y rester figée. Elle part du principe que l’énergie d’un collectif est mieux mobilisée lorsqu’il se reconnecte à ce qui lui donne sens et vitalité.
Les effets les plus souvent observés dans les organisations qui l’ont adoptée :
Une hausse de l’engagement,
Une meilleure capacité à traverser le changement,
Une culture du feedback plus constructive,
Une confiance renforcée entre les acteurs.
Pour conclure
Dans un monde professionnel encore largement structuré autour de la logique du contrôle et du correctif, l’enquête appréciative propose un renversement salutaire. Elle invite les collectifs à retrouver le goût du possible, à porter un regard lucide mais fécond sur leur propre fonctionnement.
Et si, au lieu de diagnostiquer nos manques, nous partions de ce qui nous relie, nous élève, nous inspire ?
Sources :
Cooperrider, D. & Whitney, D. (2005) – Appreciative Inquiry: A Positive Revolution in Change. Berrett-Koehler Publishers.→ Ouvrage fondateur présentant les principes, l’histoire et les 4 étapes de l’enquête appréciative.
Barrett, F. J. & Fry, R. E. (2005) – Appreciative Inquiry: A Positive Approach to Building Cooperative Capacity.→ Développement des applications collectives dans le cadre des transformations organisationnelles.
Institut Français d’Appreciative Inquiry – www.appreciativeinquiry.fr→ Ressources pédagogiques, études de cas et méthodologie francophone.
David L. Cooperrider Center for Appreciative Inquiry (Champlain College) – www.champlain.edu→ Centre international de recherche sur la méthode AI (Appreciative Inquiry), articles scientifiques et études d’impact.
Centre International du Coach (France) – Fiches pédagogiques sur l’A.I. dans le coaching d’équipe.
コメント